Aujourd’hui, le nom de TAG Heuer est presque inévitablement lié à l’univers de la course automobile. Une évidence incarnée par plusieurs modèles comme la Monaco ou la Formula 1, même si LA montre la plus emblématique reste certainement la Carrera.
Née en même temps qu’une certaine Cosmograph Daytona, en 1963, la TAG Heuer Carrera fête donc son soixantième anniversaire en 2023. Une belle occasion pour revenir aux origine de ce chronographe qui a marqué l’histoire horlogère.
TAG Heuer, marque pionnière de la montre automobile
S’il est une marque déjà présente aux prémices de la chronométrie, c’est bien TAG Heuer. Ou plutôt simplement Heuer, à l’époque, du nom de son fondateur Edouard Heuer.
Au début des années 1910, alors que les voyages en automobile et en avion commencent lentement à se démocratiser, celui-ci conçoit un instrument robuste destiné à être installé sur les tableaux de bord de cette nouvelle génération de véhicules. En 1911, le « Time of Trip » était un chronographe de précision, indiquant l’heure du jour sur le cadran principal, tandis que deux aiguilles sur un cadran plus petit enregistraient la durée d’un voyage. Le conducteur ou le pilote utilisait un poussoir pour démarrer et arrêter cet « enregistreur de temps de parcours », par exemple, pour mesurer le temps de fonctionnement d’un trajet ou d’un vol.
Après la Première Guerre mondiale, Heuer continue à développer des instruments de mesure de plus en plus précis, qui sont notamment utilisés lors des Jeux olympiques d’Anvers en 1920, puis Paris en 1924. Il faut ensuite attendre les années 1930, et plus précisément 1933, pour voir l’apparition des compteurs de bord Autavia (pour AUTomotive and AVIAtion), toujours pour les avions et les voitures.
Ensuite, après quelques atermoiements, l’histoire qui unit la marque de Bienne à l’automobile reprend son cours dans les années 1960… et restera ininterrompue jusqu’à aujourd’hui.
Et la Carrera fut…
Si l’Autavia devient officiellement le premier chronographe Heuer à bénéficier de son propre nom de collection (déclinée dans plus de 80 montres !), 1963 marque un tournant avec le lancement du chrono Heuer Carrera.
Contrairement à ce que certains croient encore, ce n’est pas chez Porsche qu’a été trouvée l’inspiration, mais plutôt en Amérique latine, avec la Carrera Panamericana, une course sur route de plus de 3000 km organisée au début des années 1950 au Mexique et considérée comme l’une des plus dangereuses au monde. L’objectif de Jack Heuer était de créer une montre robuste et précise, capable de résister aux conditions extrêmes de la course automobile.
La première version de la Carrera (référence 2447) est dotée d’un mouvement chronographe à remontage manuel de haute précision. Egalement munie d’un boîtier en acier inoxydable poli et d’un bracelet en cuir noir, cette montre brille par son style sobre et élégant. Mais surtout, elle renouvelle le genre grâce à un cadran plus épuré, dont la finition argentée semi-mate (également connue sous le nom de « coquille d’œuf ») finit par devenir la plus courante.
L’âge d’or de la Carrera
Au fil des années, la Carrera évolue et devient de plus en plus sophistiquée. Elle est équipée de nouvelles fonctions, telles que l’affichage de la date et la fonction GMT, et arbore des designs plus audacieux. Mais c’est surtout le lancement de la référence 1153 en 1969 qui forge la légende de la nouvelle star Heuer : celle-ci donne naissance au fameux calibre 11, qui fait de la Carrera la première montre chronographe automatique au monde.
Peu après, la référence 1158 en or massif renforce le nouveau statut de ce modèle. Surnommée « Success Watch », la Carrera devient une montre de référence pour les amateurs de sports automobiles et de montres de luxe. Elle est portée par de nombreux pilotes de renom, tels que Jo Siffert, Mario Andretti, James Hunt ou encore Niki Lauda, Heuer en profitant pour nouer des liens étroits avec la Scuderia Ferrari.
Le succès de la Carrera ne se limite toutefois pas à la sphère automobile. Au fil du temps, plusieurs clichés de John Lennon et Yoko Ono ainsi que Mick Jagger, référence 1153 au poignet, transforment la simple montre en objet de désir. Jack Heuer surfe sur ce succès en lançant de nouveaux modèles, qui deviennent rapidement (presque) aussi iconiques, parmi lesquels la Camaro en 1968 et la Monaco en 1969.
De la crise du quartz au phénix des années 1990
Outre la Heuer Monaco, 1969 marque aussi l’arrivée de la Seiko Astron sur le marché, dont personne n’imagine encore qu’elle va être à l’origine de la crise du quartz des années 1970. La marque est contrainte de se restructurer, Jack Heuer est poussé par la sortie et l’entreprise finit par rejoindre les Techniques d’Avant Garde (le groupe TAG), pour donner naissance à la marque TAG Heuer telle qu’on la connaît aujourd’hui.
Jack Heuer revient au bercail en 1996… soit la même année que la nouvelle Carrera, de retour après 12 ans d’absence avec la référence 2447. Cette collection suscite un énorme engouement, confirmant que les passionnés d’horlogerie ont un vrai attachement pour ce modèle.
Si elles reprennent les codes esthétiques classiques des premières Carrera, les nouvelles itérations du 21e siècle bénéficient aussi de quelques innovations techniques, et pas des moindres. Récompensé du prix de la montre sportive au GPHG, le Calibre 360 devient le premier chronographe mécanique précis au centième de seconde avant que la Carrera Calibre 1887 ne décroche la « Petite Aiguille » en 2010. Deux ans plus tard, c’est le Grâal absolu, la prestigieuse Aiguille d’Or, qui est remise à la Carrera Mikrogirder, avec son incroyable mouvement affichant une fréquence de 1000 Hz, soit 7,2 millions d’alternances par heure, 250 fois plus rapide qu’un chronographe classique !
A 60 ans, la retraite est encore loin pour la TAG Heuer Carrera !
Aujourd’hui, la Carrera continue d’évoluer, entre nouvelles éditions ultra-pointues (la Carrera Heuer 02T Nanograph équipée du spiral Isograph en carbone en 2019) et partenariats qui font frémit les amateurs de belles mécaniques horlogères et automobiles (les co-créations estampillées Porsche 911 Carrera depuis 2021). Et puisque la Carrera est décidément une montre bien dans son époque, l’emblématique cadran du chronographe s’invite même sur l’écran de la montre connectée de la marque, la TAG Heuer Connected !
En 2023, malgré ses 60 ans au compteur, la Carrera n’a pas l’intention de prendre sa retraite. Au contraire, TAG Heuer entend bien la mettre encore plus à l’honneur, comme ce fut déjà le cas avec l’édition limitée dévoilée en janvier lors de la LVMH Week.
Au salon Watches and Wonders de Genève, ce sont encore plusieurs déclinaisons de la Carrera qui sont à découvrir, parmi lesquelles le Chronographe Tourbillon (animé par le mouvement TH20-09), la Carrera Date 36 mm dans une palette de couleurs toujours plus audacieuses (vert amande et fuchsia !) ou encore l’incroyable Plasma, avec sa lunette et son bracelet sertis de diamants synthétiques. On est certes loin de l’esprit originel de la Carrera de 1963, mais on peut pourtant parier que les passionnés et collectionneurs seront nombreux à se jeter sur cette référence atypique. De quoi renforcer un peu plus le statut d’icône qui colle au boîtier de la TAG Heuer !
Bonjour,
Le Mexique est situé en Amérique du Nord mais fait partie de l’Amérique Latine.
Vous avez raison Josèph. Désolé pour cet abus de langage, c’est corrigé !