Fondée en 1989 par Ron Dennis, McLaren reste une jeune marque dont le nom évoque pour beaucoup l’écurie de Formule 1 éponyme. Les passionnés eux, penseront avec nostalgie aux passes d’armes entre Ayrton Senna & Alain Prost qui ont fait l’histoire de la F1 et rythmés nos dimanche dans les années 1990. Mais McLaren c’est aussi des supercars, certes plus confidentielles que Ferrari ou Porsche, mais dont la gamme ne cesse de s’étoffer. Dévoilée en 2019, la McLaren GT vise à offrir des performances de haut vol mais sans céder à la radicalité ni l’exubérance.
« Nothing in the design of the GT is without purpose – everything is for a reason »
Belle, la McLaren GT l’est assurément. Point d’agressivité exacerbée ni de droites acérées, tout est courbes et volupté. Une forme de sensualité émane de cette McLaren GT, joliment mise en lumière par ce superbe coloris Helios Orange (tout droit sorti du catalogue de personnalisation proposé par MSO – McLaren Special Operations : 11000€). Vif, et en parfait accord avec le contraste créé par le toit vitré noir.
Certes, impossible de passer inaperçu dans de telles conditions mais les nombreux sourires et échanges qui ont ponctué notre essai montrent qu’un peu d’audace à l’heure où la monotonie du noir, gris, blanc et l’uniformisation règnent n’est pas une mauvaise chose, bien au contraire. Et oui, c’est aussi ça l’automobile, faire vibrer les passionnés et bien d’autres, à commencer par les enfants (et se revoir ainsi petit avec des étoiles dans les yeux devant la McLaren F1).
Revenons à notre bolide d’un jour dont la singularité réside dans la cinématique d’ouverture de ses portes. Ces dernières ne sont pas conçues sur un axe horizontal mais vertical. Un signe distinctif des productions de la firme de Woking qui, au-delà du style permet aussi de faciliter l’accès tout en réduisant l’emprise au sol, la McLaren GT n’ayant pas une taille de guêpe (près de 2m10 de large). Pour autant, évoluer en ville se fait avec une aisance déconcertante pour une supercar. Son gabarit est facile à appréhender, la visibilité fort respectable, sans compter sa garde au sol 13 cm et angle d’attaque de 10° assez hauts pour aborder les ralentisseurs avec la même nonchalance qu’à bord d’une berline (un système de lift est néanmoins présent de série le cas échéant pour gagner 3 degrés). De là à imaginer que McLaren pourrait répondre aux Porsche 911 Dakar et Lamborghini Huracán Sterrato, il n’y a qu’un pas…
Agréable à conduire, cette McLaren « Grand Tourisme » se montre aussi confortable. Si les baquets peuvent sembler fermes et étroits de prime abord, ce n’est là qu’une impression. Réglables électriquement, chauffants, recouverts de cuir nappa (matière largement présente dans le reste de l’habitacle), ils ne leur manquent que la ventilation pour être parfaits. Il faut dire que la température peut vite monter, l’espace étant réduit et le moteur juste derrière les sièges en position longitudinale centrale arrière. Rassurez-vous, la climatisation bi-zone automatique veille au grain et les ingénieurs de McLaren ont même réussi, grâce aux imposantes entrées d’air sur les flancs, à créer un espace de 419l entre le moteur et le pavillon. De quoi partir en week-end l’esprit serein même si la hauteur réduite due à l’inclinaison de la vitre arrière limite les possibilités. Mieux vaut donc opter pour la ligne de bagages proposée en accessoire spécialement conçue pour s’adapter à cet espace atypique. Un coffre de 150l est également présent à l’avant. Plus carré, il permet de glisser un sac de voyage et/ou une valise cabine.
Mais la sensation de confort que délivre cette McLaren GT vient aussi, de l’onctuosité de son V8 et de sa boite de vitesse automatique qui enchainent ses 7 rapports dans la plus grande discrétion même si le murmure de la cavalerie qui sommeille n’est jamais loin. La conduite se fait alors sur le couple (630 Nm) avec des régimes capables de faire pâlir une berline diesel tant ils sont bas… De quoi apprécier pleinement le système audio Bang & Olufsen et ses 12 haut-parleurs.
Par contre, n’espérez pas profiter d’Apple CarPlay ou Android Auto, il faudra se contenter du Bluetooth. A l’ancienne. Un écran central de 7 pouces tactile et un combiné d’instrumentation digital de 12 pouces sont bien présents mais pour autant un certain minimalisme technologique règne, du moins côté assistant de conduite. A l’image du régulateur de vitesse non adaptatif et de la caméra arrière réduite à sa plus simple expression. Et pour ne rien arranger, l’affichage ne s’effectue pas sur l’écran central mais sur celui intégré face au conducteur, derrière le volant qui masque alors régulièrement la caméra lors des manoeuvres… De quoi mettre à mal votre sérénité pour sortir d’un stationnement ou faire demi-tour et occasionner quelques sueurs froides.
Des émotions, cette McLaren GT est en mesure d’en délivrer bien d’autres. Un appui un peu plus prononcé sur le pied droit suffit à démontrer – si besoin il en était – que des gênes de sportive sont bien dans son ADN. De quoi se retrouver catapulter à 100 km/h en à peine trois secondes. Mais c’est sans doute, le 0 à 200 km/h en neuf secondes qui traduit le mieux les performances de la belle anglaise et cette sensation de poussée linéaire qui semble inépuisable !
La magie d’un V8 4l biturbo de 620 ch dans un châssis d’à peine 1600 Kg. Pour autant, et malgré une puissance uniquement sur les roues arrières, la McLaren conserve son aisance à haute vitesse. La suspension active s’ajuste en 2 ms aux aspérités de la route et les aides électroniques veillent à assurer une motricité optimales. L’ESC peut néanmoins se montrer moins intrusif via un ou deux tours de molette gauche (H) dévolue aux réglages du châssis.
Son homologue de droite (P), dédiée au moteur, est quant à elle bien plus intéressante au quotidien. Passer en mode Sport permet ainsi de jouir pleinement de la mélodie rauque des montées en régime du V8 accompagnées du sifflement de ses turbo. Et si vous trouvez que c’est insuffisant, un quart de tour supplémentaire sur la position Track accentue encore un peu plus la sportivité de la McLaren GT avec une réponse de l’accélérateur et des montées en régime (encore) plus franches pour ne pas dire bestiales entre 6000 à 8500 tr/min !
Mais c’est finalement en jouant avec les palettes en aluminium que le plaisir est le plus grand. Nul besoin alors d’affoler les chronos (et la conso qui peut flirter avec les 20l/100) pour profiter de la symphonie du V8. Cliché voire désormais crime de lèse majesté selon certains. Sans doute. Mais le charme et l’âme d’une voiture passent aussi par ses vocalises. Alors profitons-en, tant que c’est encore possible.
Donner le sourire à ses heureux propriétaires, c’est sans doute là, la raison d’être de cette McLaren GT. Des lignes sculpturales, une mélodie envoutante mais surtout une polyvalence inattendue pour une supercar.
© Julien Thoraval – Photos non libre de droits.