Road-trip dans l’Orne (Normandie) pour l’essai de l’Eletre S : Pourquoi le SUV sportif Lotus est meilleur que le Tesla Model X

Au rang des marques inscrites au Panthéon des passionnés d’automobile, Lotus jouit d’une place de choix. Et pour cause, ses petits coupés sportifs offrant un rapport prix / sensations parmi les meilleurs du marché, ont permis à la marque britannique de bâtir son image. Oui, mais passion et production (très) confidentielle ne suffisent plus aujourd’hui pour vivre. Lotus, en difficulté, est donc passé sous giron de Geely en 2017. Acteur majeur du secteur automobile, le géant chinois (aussi détenteur de Volvo) entend bien capitaliser sur la renommée de Lotus pour en faire la marque sportive de luxe du groupe. Parmi les premiers modèles nés de cette nouvelle ère, le Lotus Eletre (prononcez « élétra »), un SUV 100% électrique aux dimensions XXL qui nous a accompagné sur les petites routes normandes en direction de l’Orne et plus particulièrement Argentan, terre de naissance de bon nombre de pur-sang. Un hasard ? Peut-être pas…

Découverte du Lotus Eletre S : 611ch dans un écrin de SUV sportif

Colin Chapman, le fondateur de Lotus, a bâti l’ensemble de ses modèles autour de la devise « light is right ». Il est donc inscrit dans l’inconscient collectif qu’une Lotus se doit d’être compacte, légère, minimaliste pour ne pas dire spartiate. En somme, tout l’inverse du Lotus Eletre qui va nous accompagner durant ce road-trip. Et pour cause. Plus de cinq mètre de long, deux de large, ce SUV électrique en impose alors que nous le découvrons dans le nouveau centre Lotus de Paris Ouest. Vous trouvez le Range Rover ou le Defender 110 encombrant ? L’Eletre l’est encore plus ! De quoi procurer quelques sueurs froides au moment de s’insérer dans la voie de télépéage de l’A14. Heureusement, caméras et vision 360° permettent de s’assurer que les imposantes jantes 22 pouces seront épargnées. Ouf.

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Les kilomètres défilent en direction de la Normandie dans le plus grand silence. De quoi apprécier l’impressionnant système audio signé Kef et ses 23 haut-parleurs (2160W) certifiés Dolby Atmos qui figure sans conteste parmi les meilleurs systèmes audio que nous ayons eu l’occasion d’essayer.

Pare-brise très incliné, toit et montants noirs pour affiner et dynamiser la silhouette
Essai Lotus Eletre S

A l’approche de Caen, plus de deux heures se sont écoulées depuis notre départ de Nanterre. L’heure de la pause est donc venue pour un café et compléter la charge de la batterie qui vient tout juste de passer sous les 40%. L’occasion d’échanger avec un propriétaire de BMW iX, étonné de croiser une Lotus Eletre et curieux d’en savoir plus à son sujet.

Sensible à son look plus affirmé, ce dernier se montre surtout impressionné par l’intérieur du SUV Lotus. Il faut reconnaitre que les designers ont mis la barre haut. Alcantara, cuir nappa, carbone, aluminium, les matières nobles sont omniprésentes, sans oublier un toit en verre panoramique électrochrome, sièges chauffants et ventilés, climatisation quatre zones ou encore portières à fermeture « soft-close » . L’Eletre n’a pas à rougir de la concurrence, bien au contraire, et se paie même le luxe de proposer une option « sièges individuels » à la place de la traditionnelle banquette trois places. On gagne en confort pour les passagers arrière, sans pour autant amputer le volume du coffre (610l vs 688l en 5 places + 46l de frunk sous capot avant).

Quinze minutes à peine se sont écoulées et la batterie affiche déjà 76% de charge. Largement suffisant pour poursuivre notre road-trip. Il est donc temps de reprendre la route et de profiter de la voie d’insertion pour écraser la pédale de droite, histoire de voir si cet Eletre S a bien l’ADN de Lotus dans ses électrons. Fort de ses deux moteurs (un sur chaque essieu) offrant une puissance totale de 612 ch (710 Nm), le 0 à 100 km/h est abattu en 4,5 secondes. Un chiffre respectable pour un SUV de 2,6t mais, avouons-le, pas si impressionnant en 2024. Un certain nombre de véhicules électriques sont désormais plus rapides sur l’exercice. La déclinaison R de l’Eletre l’est davantage, forte de ses 918 ch capables de vous satelliser à 100 km/h en moins de 3s ! Mais le tempérament sportif ne se résume pas à sa seule accélération, nous y reviendrons.

Le passage de Caen et ses traditionnels ralentissements sur le périphérique est propice à apprécier une nouvelle fois la quiétude de l’électrique. C’est aussi l’occasion d’observer le travail des assistances à la conduite (7 caméras, 6 radars et 4 Lidars, le tout piloté par une puce NVIDIA) qui modélisent l’environnement qui nous entoure sur la partie gauche de l’imposant écran OLED de 15 pouces. Une cinématique qui n’est pas sans rappeler celle d’un concurrent américain bien connu. Pour autant, Lotus n’a pas opté pour une interface aussi minimaliste avec la présence de quelques boutons physiques, un affichage tête-haute ou encore un écran horizontal présent derrière le volant pour rappeler les principales informations liées à la conduite. Même dispositif face au passager avant qui peut ainsi interagir avec le système d’infotainment (basé sur Android Automotive). L’ensemble est plutôt bien pensé même si quelques tâtonnements sont inévitables les premiers kilomètres le temps de prendre ses marques.

La présence de rétroviseurs caméras (3000€) est en revanche plus déroutante. Difficile d’effacer en quelques minutes des années de mémoire musculaire, la position des écrans étant bien plus basse que celle d’un miroir classique (et qui plus est à l’intérieur de l’habitacle). Rassurez-vous, la transition s’effectue néanmoins assez rapidement même si à l’usage, l’apport de ce système reste discutable. Il a néanmoins le mérite de réduire la résistance au vent (cx de 0,26) et surtout, de gagner quelques centimètres de largeur totale, ce qui n’est pas rien comme nous le constatons dans le centre ville d’Argentan, où croiser une voiture en sens inverse impose de viser juste. Un exercice pas si simple d’autant que les autres usagers semblent souvent distraits et interloqués par cet « ovni jaune » comme nous le confirment les clients du Comptoir de Maria au moment de nous installer pour déjeuner. Un restaurant bistronomique aux accents de cuisine italienne, imaginé par le Chef étoilé Arnaud Viel. Une décoration contemporaine, une carte de saison parfaite pour reprendre des forces avant de partir à la découverte du Haras du Pin.

Le Haras du Pin : Le cheval à l’honneur

Situé à une dizaine de kilomètres d’Argentan, le Haras national du Pin est un haut lieu de l’équitation depuis près de trois siècles. Écuries, cour d’honneur, collection de voitures hippomobiles, découverte de l’atelier de sellerie ou du domaine en calèche au rythme des sabots sont autant d’activités proposées d’avril à fin septembre. Des expositions temporaires, la visite de la maréchalerie et des spectacles sont aussi au programme durant l’été.

Mais le Haras du Pin, c’est aussi le Pôle International de Sports Équestres, un lieu exceptionnel en Normandie où sont rassemblés des carrières destinées à accueillir les grandes compétitions nationales et internationales, un centre de formation et des infrastructures modernes – notamment une terrasse panoramique – destinées à accueillir le public. Nous serions bien restés pour admirer le balai des cavaliers à l’entrainement, mais un orage nous a malheureusement contraint à regagner précipitamment notre hôtel.

Hostellerie de la Renaissance – Arnaud Viel : une table étoilée à Argentan

Situé à Argentan, L’Hostellerie de La Renaissance abrite une quinzaine de chambres et suites. Un espace SPA et une piscine extérieure (chauffée) sont à disposition des hôtes. Ces derniers peuvent aussi profiter du restaurant gastronomique tenu par le Chef Arnaud Viel et son épouse Cécilia depuis plus de 25 ans. Fervents défenseurs de leur région, le couple a vu son investissement récompensé par une étoile au Michelin depuis 2016. Une consécration pour Arnaud Viel qui aime rappeler que la Normandie ne se résume pas à l’effervescence de sa côte. L’intérieur des terres regorge de richesses et de petits producteurs attachés à leur terroir que le chef aime sublimer à travers sa carte évoluant au fil des saisons et des arrivages. Une générosité présente dans chaque assiette où terre et mer se succèdent ou s’accordent au gré de l’inspiration du chef et de sa brigade. Un dressage millimétré, un accord mets et vins où se mélangent des cuvées prestigieuses et d’autres en devenir sans oublier, le calvados pour terminer le repas sur une note plus locale.

L’Orne : un département riche de son terroir

Parmi les cuvées proposées, les productions de la ferme de Corinne et Hugues Desfrièches figurent en bonne place. Située à une vingtaine de kilomètres à Sainte Marguerite de Carrouges, cette exploitation cidricole biologique produit jus, pommeau, calvados et cidre bien entendu.

Après une visite des chais et des caves de vieillissement, notre escapade se poursuit vers les méandres de l’Orne, la rivière qui a donné son nom au département. Des routes étroites, qui serpentent au milieu des forêts et paysages vallonnées où le « jaune solar » de notre Eletre se marie à merveille avec le vert environnant. Avouons-le cependant, ce n’est pas le terrain rêvé pour un SUV de ce gabarit. Pour autant, malgré ses dimensions et son embonpoint certain, il se révèle plutôt à l’aise. Les roues arrières directrices n’y sont sans doute pas étrangères (option du pack dynamic à 6600€), tout comme la direction suffisamment ferme et précise lorsque le rythme s’accélère. Saluons également le travail de l’antiroulis actif et de la suspension pneumatique (de série) capable de gommer les défauts de ces petites routes de campagnes tout en assurant une tenue de route et une agilité déconcertantes. Trop ? Peut-être. Car si le 0 à 100 km/h nous avait quelque peu laissé sur notre faim, les reprises offertes par l’Eletre S sont bien plus impressionnantes et surtout, capables de vous propulser à des vitesses inavouables en quelques secondes (seulement deux secondes suffisent pour passer de 80 à 120 km/h !). Et ce, sans même en avoir conscience, le sentiment de vitesse étant peu présent en l’absence de bruit et grâce à l’excellent travail de mise au point du châssis effectué par les ingénieurs Lotus.

Un appui sur la palette située à droite du volant permet de quitter le mode sport pour revenir à un mode de conduite « Tour » plus sage. La palette de gauche est quant à elle dédiée à la puissance du freinage régénératif, ajustable selon trois intensités, toutes bien étalonnées. Seul regret, l’absence de mode « One Pedal » oblige à freiner en dessous de 10 km/h comme ce fut le cas pour patienter le temps de l’ouverture des grilles du Château de Médavy.

Château de Médavy : Offrez-vous la vie de château pour une nuit !

Niché au cœur d’un domaine de 130 hectares, ce château construit au début du XVIIIe siècle par Jacques-Léonor Rouxel de Médavy, alors maréchal de France, a connu depuis plusieurs vies. Embellit au fil des décennies, il est aujourd’hui propriété du couple Charon qui ont entrepris d’importants travaux de restauration ces dernières années. Plusieurs pièces sont ainsi ouvertes à la visite (tous les jours durant l’été, sur réservation le dimanche de mars à novembre) et permettent de découvrir une importante collection de globes et atlas anciens mais aussi des pièces d’art contemporain à l’intérieur de la Tour Saint-Pierre. Et pour en profiter davantage, il est possible d’y séjourner pour une nuit. Deux autres suites, au sein même du château cette fois, sont également proposées à la location. Ou comment s’imaginer la vie de châtelain(e) l’espace d’une nuit.

Le village de Camembert : passage obligé d’une escapade en Normandie

Notre road-trip ne pouvait s’achever sans un passage par Camembert. Petit village situé à quelques encablures d’Argentan qui a donné son nom au célèbre fromage au lait cru. Un musée lui est d’ailleurs dédié à moins que vous ne préféreriez découvrir le processus de fabrication au Clos de Beaumoncel, dernière fromagerie encore en activité sur la commune.

Lotus Eletre S : l’heure du bilan

Un rapide passage sur les départementales du Calvados avant de rejoindre l’A13 pour regagner la Capitale. Mais avant, un dernier arrêt recharge s’impose. Doté d’une imposante batterie de près de 110 kWh (qui représente près de 600 Kg de la masse totale), le Lotus Eletre peut surtout compter sur son architecture 800V qui autorise une charge rapide jusqu’à 350 kW. De quoi passer en théorie de 10 à 80% de charge en une vingtaine de minutes. En pratique, si la courbe de charge est effectivement plus rapide que sur d’autres modèles concurrents, elle dépend aussi de facteurs extérieurs liés aux bornes (et sans doute à l’alignement des planètes tant parfois la puissance délivrée est éloignée de celle attendue sans aucune explication apparente). Quant à la consommation, elle est la réciproque de celle qu’auraient ses homologues thermiques de gabarit équivalent et ce malgré tous ces appendices aérodynamiques (à commencer par la calandre à ouverture active automatique). Sur notre road-trip de plus de 900 kms (dont un tiers sur autoroute), notre moyenne s’établit à 28 kWh, avec, avouons-le une conduite (très) dynamique. En adoptant un rythme plus « eco-friendly », il est possible de descendre autour de 22-24 kWh.

Mais est-ce là l’essentiel ? Non. Avec son Eletre, Lotus démontre qu’il faudra désormais compter sur un nouvel acteur sur le segment des SUV électriques de luxe. Sur ce point, la finition se révèle à la hauteur d’une clientèle exigeante qui verra dans l’Eletre un moyen de se démarquer des traditionnelles marques premium allemandes. Les fans de la première heure regretteront eux un virage à 180°, c’est certain. Malgré tout, l’Eletre parvient à conserver une partie de ses gênes avec une sportivité plus présente qu’il n’y parait, le tout dans un confort digne d’une limousine. En somme, une proposition en adéquation avec les attentes d’une clientèle capable de débourser a minima 100 000 euros pour acquérir le SUV made in Lotus. Quant à notre Eletre S suréquipé avec la plupart des options au catalogue cochées, son tarif dépasse les 150 000 euros. Un pari audacieux pour la marque anglaise malgré un positionnement plutôt compétitif et judicieux face à la concurrence. D’autant que la demande pour ce type de véhicule est bien présente, boostée, il est vrai par une fiscalité avantageuse pour les entreprises. Reste à savoir pour combien de temps encore…

Photos non libres de droit – © Julien Thoraval

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