Roadtrip Maserati GranTurismo Trofeo sur la route des plus beaux villages de France à moins de 2h de Paris (Oise / Vexin normand)

Evoquer Maserati, c’est inévitablement s’imaginer en Italie, au volant d’un joli coupé arpentant les petites routes de Toscane à l’heure où le soleil décline à l’horizon derrière les collines. Une vision qui restera celle d’une carte postale car, si notre essai du jour est bien celui d’une belle italienne, la Maserati GranTurismo, la destination est bien plus proche de Paris. Direction donc l’Oise puis le Vexin normand pour un road-trip placé sous le signe des plus beaux villages de France.

GranTurismo Trofeo : le charme discret d’une belle italienne

Notre escapade commence à l’aube d’un matin de mai à l’heure où les premiers rayons percent la brume naissance. Un appui sur le bouton Start situé sur la gauche du volant réveille le V6 « Nettuno » dans un feulement timoré. Les volutes de vapeur d’eau qui s’échappent des quatre sorties de la ligne d’échappement ne laissent toutefois peu de doute quant au caractère sportif de ce coupé Maserati et signent un essai qui s’annonce sous les meilleurs auspices.

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Certaines italiennes jouent la carte de l’extravagance, le GranTurismo, quant à lui, mise sur l’élégance. Un long capot, de jolies courbes sobrement mises en valeur par un coloris « Grigio Maratea matte ». Une ligne sensuelle mais néanmoins discrète qui permet à notre Maserati de se fondre dans la circulation sans (trop) attirer l’attention. Évidemment, à l’instar de toute marque de luxe, Maserati dispose d’un service de personnalisation. Dénommé « fuoriserie« , ce dernier permet de piocher parmi une vingtaine de teintes supplémentaires de carrosserie, dont certaines bien moins discrètes, à l’image du jaune « Giallo Corse ».

D’autres options de personnalisation sont évidemment proposées, de la couleur de l’étrier de frein en passant par celle du cuir intérieur. Notre Maserati affiche cette fois davantage d’audace avec une sellerie « Rosso » et ses surpiqures ton sur ton. De quoi illuminer l’intérieur en l’absence de toit vitré. Point de fausse note pour le reste avec une présentation digne de son rang. Carbone, alcantara, aluminium au niveau du pédalier (option pack sport design) et des contre-portes afin de mettre en avant le système audio Sonus Faber et ses 19 haut-parleurs. Ou comment transformer l’habitacle en une véritable scène de concert grâce au son 3D. De quoi apprécier chaque détail des quatre saisons de Vivaldi au moment même où une violente averse nous rappelle que ce printemps 2024 est décidément bien humide. Pas de quoi perturber cependant le GranTurismo qui bénéficie d’une transmission intégrale. Un gage de sécurité bienvenu lorsqu’il s’agit de faire passer au sol 650 Nm de couple sur une chaussée détrempée !

Gerberoy : comme un air d’Italie à une heure de Paris

Heureusement, après la pluie vient le beau temps, et c’est finalement sous une éclaircie naissance que notre première étape se dessine. De jolies maisons à colombages aux façades fleuries, des rues quasi-désertes, Geberoy semble être un village où le temps s’est arrêté. Sa position stratégique en haut d’une colline en fit un des théâtres de la guerre de Cents Ans mais aujourd’hui c’est une paisible commune de l’Oise, classée parmi les plus beaux villages de France. Et si notre route nous a conduit à Gerberoy, c’est avant tout pour visiter les jardins du peintre impressionniste Henri Le Sidaner.

En quête d’une maison de campagne, ce dernier tombe sous le charme du petit village où il acquiert une maison qu’il restaure et embellit au fil des années. Mais, à l’image de Claude Monet autre figure de l’impressionnisme, son oeuvre tient surtout à ses jardins qu’il pense telle une toile où formes et textures prennent vie au fil de la journée et des variations de la lumière. Une roseraie, des buis, des hortensias sans oublier ses terrasses à l’italienne inspirées d’un voyage aux Îles Borromées (Lac Majeur). Point d’orgue de la visite, un belvédère offrant une vue sur le Pays de Bray, où notre route se poursuit.

L’occasion de traverser une dernière fois Gerberoy et ses petites rues pavées. Heureusement, en bonne GT qui se respecte, la présence d’une suspension pneumatique permet de préserver le confort de ses occupants en toutes circonstances.

C’est aussi une caractéristique sine quo none pour offrir un tempérament plus sportif lorsque l’envie d’accélérer le rythme se fait sentir. En attendant, et eu égard à la présence de nombreux radars automatiques dans la région, c’est davantage le besoin de nous substanter que nous décidons de satisfaire.

Auberge de Monceaux : une belle découverte le temps d’une pause acidulée

Située à une dizaine de kilomètres seulement, à Saint-Omer-en-Chaussée, l’Auberge de Monceaux (ouverte du mercredi – dimanche midi) est une table de choix pour un déjeuner ou dîner à proximité de Beauvais. Ne vous fiez pas à l’environnement un peu austère, à l’image de la région Haut-de-France, la générosité se situe à l’intérieur. Une décoration sobre et tendance qui trouve écho dans le dressage des plats tout aussi soigné. Des produits locaux et de saisons où les recettes traditionnelles sont parfois revisitées avec justesse mais toujours cette touche d’acidité qui caractérise la cuisine de Tom Truy Courties, le chef de l’Auberge de Monceaux.

De Peps, la Maserati GranTurismo n’en manque pas non plus avec les 550 ch de sa version Trofeo, la plus puissante de la gamme thermique. De quoi abattre atteindre les 100 km/h en moins de 3,5s et chatouiller les 200 km/h en un peu plus de 11s ! Des performances de premier ordre mais sans être pour autant un « pousse au crime » comme peut l’être une McLaren 750s. L’italienne joue davantage la carte du plaisir d’une conduite qui peut-être sportive mais sans pour autant négliger le confort. Les sièges en cuir chauffants et ventilés en sont les premiers éléments. Leur maintien latéral n’appelle pas de reproche, y compris lorsque le rythme s’accélère sur les petites routes sinueuses qui nous mènent vers le Vexin normand.

Maserati GranTurismo Trofeo

Saint-Germer-de-Fly : Un chef-d’œuvre gothique au coeur de l’Oise

Une halte impromptue à Saint-Germer-de-Fly nous permet de découvrir ce petit village qui abrite l’une des plus belles abbayes de la région. Fondée au VIIe siècle par Saint Germer, un noble devenu moine, l’abbaye a connu une existence mouvementée, ponctuée par de nombreuses destructions et pillages. Reconstruite à plusieurs reprises, seule l’abbatiale subsiste aujourd’hui. Sa façade imposante, ses voûtes élancées et ses vitraux témoignent toutefois de l’importance religieuse et culturelle du village au Moyen Âge. Mélange de styles roman et gothique, elle est considérée comme un exemple caractéristique de la première génération gothique, et ceci, non par ses dimensions ou sa beauté, mais par son caractère novateur. C’est aussi l’un des plus anciens témoignages de l’art gothique en France.

Une belle surprise, à l’image du confort de notre compagnon de route. La suspension pneumatique adaptative fait un travail remarquable, ajustant la fermeté du châssis en fonction du mode de conduite sélectionné, offrant ainsi un équilibre parfait entre confort et dynamisme. En mode sport, le GranTurismo reste imperturbable, même dans les virages les plus serrés et ce, malgré ses 1800 Kg (châssis composé à 65% d’aluminium). Le mode « Corsa » se veut encore plus dynamique. Direction et passage de vitesses plus incisifs, pédale d’accélérateur plus sensible. Les suspensions, quant à elles, s’abaissent et se rigidifient encore davantage. Trop radical pour les petites routes normandes. Heureusement, un bouton permet de de revenir au réglage de dureté du mode sport, bien plus adapté à la surface de la départementale qui serpente au milieu de la forêt de Lyons.

Lyons-la-Forêt

Lyons-la-Forêt : au cœur de l’une des plus belles hêtraies d’Europe

Aussi classé au rang des plus beaux village de France, Lyons-la-Forêt est connu pour ses maisons à colombages. Mais cette commune de l’Eure tient avant tout sa renommée de sa halle en bois du XVIIIe siècle qui a servi de décor à de nombreux films. Une place prisée, encore plus le week-end à la belle saison. Trouver une place où stationner relève alors de l’exploit, d’autant quand il s’agit de caser les cinq mètres de long (et deux de large) du GranTurismo, le tout en épargnant les sublimes jantes. Heureusement, le système de vision à 360° facilite la manoeuvre. Car oui, cette version 2024 du coupé au Trident se veut à la pointe de la technologie avec la possibilité d’opter pour les dernières aides à la conduite disponibles sur le marché. D’aucuns pourraient d’ailleurs y voir là un point faible, au motif de priver le conducteur d’une certaine liberté. La plupart d’entre elles étant désactivables, il n’y a sans doute pas lieu de s’attarder sur la question. En revanche, l’ergonomie « tout tactile » mérite davantage de griefs. Sans compter que le troisième écran de 8 pouces dévolu à la climatisation n’est pas le plus ergonomique qui soit, ni très esthétique une fois maculé de traces de doigts.

Un autre élément a lui aussi cédé aux chantre de la modernité, l’horloge. Exit le garde temps mécanique, place à une version numérique qui peut désormais aussi afficher un « radar » des G encaissés ou une boussole. Pratique mais dénué de charme pour les amoureux de belles mécaniques.

Un détail. Oui, car au moment de prendre la route du retour, il suffit d’activer le mode sport pour libérer les vocalises de l’échappement. Jouer avec les larges palettes situées derrière le volant permet de jouir pleinement du supplément d’âme procuré par les envolées lyriques du V6 à l’approche de la zone rouge et de ses 7000 tr/min.

Certes, ce dernier s’avère moins sonore que le V8 de la génération précédente mais il sied sans doute davantage à la philosophie Grand Tourisme de ce grand coupé 2+2. Car oui, malgré sa hauteur de seulement 1,35m, quatre adultes peuvent voyager à son bord. Les places arrière sont certes étroites mais sont en mesure d’accueillir sans trop de concessions des personnes de moins de 1,75m. Quant au coffre, là encore, avec ses 310l, il permet de loger deux valises cabines et deux sacs souples sans difficulté.

L’essai de la Maserati GranTurismo Trofeo en résumé

Après ses quelques jours passés sa compagnie, la Maserati GranTurismo Trofeo (à partir de 225600€ – hors malus) séduit par sa polyvalence. Un coupé dans la pure tradition GT, confortable, fonctionnel mais qui fait honneur à sa noble mécanique. Si la version Trofeo est capable d’affoler les compteurs, elle est surtout en mesure de délivrer du plaisir quelque soit le rythme de conduite adopté. Un châssis rassurant, une direction précise, une suspension pneumatique prévenante, what else comme dirait un célèbre acteur américain amateur de café. Et si la Maserati ne carbure pas à l’arabica, sa consommation n’a rien d’anecdotique. Durant notre essai, sur près de 400 kms, notre moyenne titille les 15l/100. Difficile de résister au plaisir coupable des montées en régime du V6 Nettuno il est vrai… Opter pour le GranTurismo Folgore, la version 100% électrique, serait peut-être plus raisonnable. A moins que ce ne soit le contraire ? Un prétexte pour un prochain essai ? Sans doute…

© Julien Thoraval – Photos non libres de droits

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