Un garçon de 13 ans accusé de meurtre. Quatre épisodes en plans séquence. Il n’en faut pas plus pour comprendre que la mini-série Adolescence est une oeuvre différente. Puissante. Brutale. C’est aussi tout simplement l’une des meilleures séries (la meilleure ?) de ce début d’année 2025. L’une de celles, trop rares, auxquelles on pense encore longtemps après la fin du dernier épisode…
Adolescence, ça parle de quoi ?
Jamie Miller, 13 ans, est retrouvé couvert de sang dans une ruelle sombre d’un quartier résidentiel de Manchester. Une camarade de classe est morte, poignardée à plusieurs reprises. Très vite, la police l’accuse du meurtre. Mais que s’est-il réellement passé ? Adolescence suit en temps réel l’interrogatoire du jeune garçon, entre flashbacks subtils et échanges sous haute tension avec les enquêteurs.
Rien qu'avec son titre, cette série témoigne que la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Dope Thief (soit "voleur de drogue" en traduction littérale) nous plonge dans l'univers de la délinquance ...Lire la suite
Tandis que ses parents, bouleversés, tentent de comprendre, les réseaux sociaux s’enflamment et dressent déjà son procès. Coupable idéal ou victime d’une mécanique qui le dépasse ? La série interroge sur la construction de l’identité à l’ère numérique, la pression exercée sur les adolescents et la violence latente qui sommeille dans nos sociétés modernes.
Une immersion totale grâce au plan-séquence
Dès les premières minutes, Adolescence plonge le spectateur dans une tension palpable. Chaque épisode (d’une de 50 à 65 minutes), filmé en un seul plan-séquence, offre une immersion totale, une technique audacieuse qui rappelle le film 1917 de Sam Mendes. Cette approche renforce l’authenticité du récit, en permettant au public de vivre en temps réel les événements aux côtés des personnages.
Déjà salué pour son travail sur The Chef (Boiling Point), le réalisateur Philip Barantini maîtrise parfaitement son sujet. Chaque mouvement de caméra est calculé, chaque interaction est fluide et offre une continuité narrative sans faille. Cette technique exigeante met en lumière la performance des acteurs, qui doivent maintenir une intensité constante sans possibilité de reprise.
Au-delà de sa prouesse technique, Adolescence aborde des sujets brûlants d’actualité. Et si, à la lecture du pitch, on pourrait penser que la série nous emmène sur les traces du Elephant de Gus Van Sant, elle aborde des sujets nettement différents… mais tout aussi contemporains malheureusement.
Pêle-mêle, elle explore ainsi les méandres de la masculinité toxique, l’influence des réseaux sociaux et la fragilité de l’adolescence. Elle met aussi en lumière les dangers auxquels sont exposés les jeunes, notamment l’impact des communautés en ligne sur leur comportement.
Un casting exceptionnel porté par Stephen Graham et le jeune Owen Cooper
Le personnage de Jamie Miller, interprété par le talentueux et bouleversant Owen Cooper, incarne cette jeunesse vulnérable. Accusé du meurtre de sa camarade, son parcours interroge sur les dérives possibles de l’adolescence moderne. La série ne cherche pas à donner des réponses simples, mais pousse le spectateur à s’interroger sur les responsabilités sociétales et parentales.
Outre Owen Cooper, la force d’Adolescence réside précisément dans son casting exceptionnel. Co-créateur de la série, Stephen Graham (récemment vu dans un tout autre registre, dans A Thousand Blows sur Disney+) incarne Eddie Miller, le père de Jamie. Son interprétation, d’une justesse rare, reflète la détresse d’un parent confronté à l’impensable.
Face à cette famille en détresse, Ashley Walters apporte de la profondeur à l’inspecteur Luke Bascombe, tiraillé entre devoir professionnel et empathie, quand Erin Doherty, en psychologue clinicienne chargée d’évaluer Jamie, offre une performance nuancée très émouvante.
Vous l’aurez compris, Adolescence est une œuvre marquante qui ne pourra pas vous laisser indifférent. Par sa réalisation audacieuse, son casting exceptionnel et les thématiques qu’elle aborde, cette mini-série s’impose comme une des productions incontournables de ce début d’année 2025 et même l’une des meilleures oeuvres disponibles sur Netflix.
