Lorsque l’on cherche à acheter une montre, le choix du mécanisme est très important. Et celui-ci ne se limite pas à l’opposition entre quartz et mouvement mécanique. Dans ce dernier cas de figure, les marques ne manquent pas une occasion de mettre en avant la « facture japonaise » ou les propriétés « Swiss made » de leurs mécanismes. Mais au-delà de l’origine géographique, qu’est-ce qui différencie les deux ? Faut-il privilégier un mouvement en provenance de Suisse, du Japon… ou d’ailleurs ? On essaye d’y voir un peu plus clair dans cet article.
Suisse vs Japon : ce qu’il faut savoir sur ces mouvements horlogers
En tant que « berceau de l’horlogerie », la Suisse est réputée pour ses mouvements de haute qualité, souvent associés à des montres de luxe. Parmi les principaux mécanismes « Swiss made », on peut citer ceux de Sellita ou ETA (en activité depuis 1793, et qui appartient au Swatch Group), qui se distinguent par leur précision et leurs finitions impeccables.
Si l’on se penche un peu plus en détail sur la production de ces deux manufactures, le célèbre calibre ETA 2824-2 est un mouvement mécanique à remontage automatique très apprécié pour sa fiabilité et ses nombreuses déclinaisons. Le Powermatic 80 (la PRX de Tissot, la Multifort de Mido…)présent dans les modèles les plus populaires du groupe Swatch est ainsi une évolution de ce mécanisme. Chez le petit concurrent, c’est le Sellita SW200-1 qui est utilisé par de nombreuses marques présentes sur le segment du luxe accessible (CODE41, Victorinox, Venezianico, Maurice Lacroix, Formex…).
On peut ajouter que les Suisses attachent aussi une grande importance à la certification, avec des labels comme le COSC pour les chronomètres, par exemple.
De l’autre côté, le Japon s’est taillé une place de choix grâce à sa capacité à produire des mouvements fiables et abordables (et souvent en grande quantité). Seiko et Citizen, avec leur filiale Miyota, figurent ainsi parmi les leaders mondiaux et des calibres tels que le Seiko NH35 ou le Miyota 9015 offrent une robustesse et un excellent rapport qualité-prix. Leur production, souvent robotisée, garantit une qualité homogène tout en maintenant des coûts compétitifs. Ils ont largement contribué à la renommée de certaines marques d’entrée et de milieu de gamme (et pas seulement des marques japonaises !).
Les montres « Made in China » ont aussi leur mot à dire
Vous l’aurez compris, si les mouvements suisses séduisent par leur esthétique et leurs performances haut de gamme, leurs homologues japonais brillent par leur accessibilité et leur fiabilité. Mais l’un n’écrase pas l’autre (chacun répond à des besoins et des attentes différents) et surtout le résumé est simpliste… D’autant que ces deux pays n’ont pas le monopole du mécanisme horloger !
Comme dans tous les secteurs d’activités ou presque, l’essor de la Chine ne peut être ignoré dans l’industrie horlogère. Le fabricant Seagull, par exemple, s’est imposé avec le calibre ST19, une réplique du mouvement historique suisse Venus 175. Ce mécanisme a notamment été utilisé par une marque comme Baltic sur ses premiers modèles, permettant d’associer le charme rétro à un prix (très) compétitif.
De façon plus générale, si les mouvements chinois souffrent encore parfois de préjugés, ils représentent une alternative sérieuse, particulièrement pour les amateurs de montres mécaniques vintage. Depancel, Kelton (pour son modèle conçu avec Chapal) ou, dans un autre registre, Mr Jones et Restrepo, font partie des marques européennes qui se sont tournée, au moins un temps, vers ces mouvements chinois.
Et la France dans tout ça ?
L’industrie horlogère française a longtemps brillé avant de perdre de son éclat face aux mastodontes suisses. Le coup de grâce a été porté en 1994, avec la fermeture de France Ebauches… mais celle-ci tente aujourd’hui de revenir sur le devant de la scène, associée au Groupe Festina. On retrouve d’ailleurs ce mécanisme français au coeur des « montres tellement françaises » développées par Apose ainsi que dans les nouvelles collections 1977, la nouvelle marque premium (et made in France) de Pierre Lannier.
Bien que le rêve d’un mouvement 100% français reste complexe à réaliser, cette démarche est à saluer, au même titre que celle de la manufacture Péquignet : avec ses calibres Initial et Royal, la maison mortuacienne incarne cet effort en proposant un magnifique mouvement français de haute horlogerie.
Et puisque le public semble devoir être au rendez-vous, les marques françaises pourraient continuer à se (re)développer dans les années à venir, dans le sillage de la manufacture Ambre (le calibre micro-rotor de Yema) ou de la société Réparalux : basée à Besançon, elle assemble des calibres « franco-suisses » comme le La Joux-Perret G-100 et ambitionne de relancer la production locale de composants clés.
Parler de « meilleur mouvement » pour qualifier un calibre développé par Sellita, ETA ou Miyota paraît utopique. Tous ont leurs propres qualités et spécificités. Pour être exhaustif, il faudrait d’ailleurs inclure des noms tels que Valjoux (absorbé par ETA), Soprod (également affilié à Festina) ou encore Ronda. D’autant que de nombreuses marques horlogères personnalisent leurs mécanismes, retravaillant par exemple un SW200 ou un ETA 2824 avec une masse oscillante décorée ou des réglages différents.
Il ne faut pas oublier que les maisons les plus prestigieuses comme Patek Philippe, Rolex, ou encore Vacheron Constantin développent leurs mouvements en interne, au sein de leurs propres manufactures. Que le mécanisme soit suisse, japonais, ou autre, l’essentiel reste la fiabilité et la précision… mais surtout que la montre vous plaise : pour des puristes, cela apparaît comme une évidence, mais pour certains novices, il ne semble pas vain de rappeler certaines bases !
Bel article….à noter également le mouvement japonais spring drive associé à l’ermergence de Gran Seiko
et apprécié à juste valeur par les amateurs de belles tocantes !