Plus c’est laid, plus c’est beau ? Peut-être, si l’on en croit certaines créations de la la marque Balenciaga. Grâce à elle (ou à cause), depuis quelques années, le moche et le mauvais goût sont devenus un art à part entière et certaines pièces ont défrayé la chronique, à l’image du dernier it-bag de l’été 2022, qui ressemble à s’y méprendre à un sac poubelle.
Comment en est-on arrivé là ? On va essayer de comprendre la stratégie de Balenciaga dans cet article, et revenir sur 5 de ses créations les plus « emblématiques »… et polémiques.
Quand le « couturier des couturiers » se met à la mode moche
Quand on évoque aujourd’hui la marque Balenciaga, on pense avant tout à ses vêtements ostentatoires, ses baskets aux semelles démesurées (les pionnières de la tendance ugly shoes)… Mais il serait dommage de se limiter à cette actualité récente car bien avant d’en arriver là, Balenciaga est un nom qui a inspiré tous les grands créateurs contemporains.
Aux origines de la marque Balenciaga
Ainsi, la marque doit son nom à Cristóbal Balenciaga, un couturier espagnol né en 1895 dans le pays basque. Celui-ci ouvre sa maison de couture dès 1917 et se forge une réputation très enviable en habillant la famille royale espagnole. La guerre civile le pousse ensuite à s’installer en France, où il devient l’un des créateurs les plus influents. Inspiré par la Renaissance espagnole, il oscille entre classicisme élégant et audace sculpturale, révolutionnant la silhouette féminine des années 1950-60.
Elizabeth Taylor, Grace Kelly ou encore Marlene Dietrich n’hésitent pas à exhiber leurs tenues Balenciaga. Surnommé le « couturier des couturiers », Christian Dior le désigne même comme « notre maître à tous » quand Coco Chanel affirme que Cristóbal Balenciaga est le seul vrai couturier au monde (les autres n’étant que de simples dessinateurs de mode).
Mais à la fin des années 1960, le créateur de génie décide de quitter le monde de la mode et de fermer boutique. A sa mort en 1972, le nom de Balenciaga aurait pu purement et simplement disparaître, mais ses neveux décident de reprendre la société… Celle-ci change de mains à plusieurs reprises et il faut attendre la fin des années 1980 pour la voir réapparaître sur le devant de la scène.
Et Demna Gvasalia décida de casser les codes…
L’arrivée de Nicolas Ghesquière en tant que directeur artistique en 1997 donne un nouvel élan à Balenciaga, qui finit par être rachetée par le groupe Gucci / PPR en 2001 (également propriétaire de Saint-Laurent, Bottega Veneta…). Mais c’est en 2015 que la marque opère un nouveau virage stratégique, avec la nomination de Demna Gvasalia à la direction artistique.
Loin du style de Cristóbal Balenciaga, il s’aventure sur tous les terrains, détourne les codes de la mode contemporaines et joue la carte de l’extravagance. Ses créations font parler d’elles dans le monde entier, bien aidées par les réseaux sociaux : plus c’est osé, plus c’est moche, plus les internautes parlent de Balenciaga. Et ça marche, puisqu’en 2019, la société annonce un chiffre d’affaires record à un milliard d’euros !
Régulièrement, Demna Gvasalia multiplie ainsi les coups d’éclat, en sortant de nouvelles chaussures ou de nouveaux sacs que l’on n’aurait jamais imaginé voir sur des podiums de la Fashion Week. D’autant qu’avec une ambassadrice telle que Kim Kardashian, la stratégie du buzz de Balenciaga peut opérer à plein régime…
5 vêtements et accessoires Balenciaga qui ne plaisent pas à tout le monde
Le lancement des baskets Triple S en 2016 annonçait déjà un grand changement dans le style Balenciaga. Mais ce n’était rien en comparaison avec les pièces encore plus subversives qu’a imaginées Demna Gvasalia depuis.
Sac de courses Carry Shopper (2017)
En 2017, Balenciaga dévoile le Carry Shopper, un sac de courses voyage dont le design fait « légèrement » penser à l’iconique sac bleu d’Ikea. Si ses dimensions et son coloris sont similaires au cabas en plastique de l’enseigne suédoise, le prix du sac Balenciaga en cuir de veau n’est pas comparable : 1695 euros pour l’un contre environ 90 centimes pour l’autre…
Boucles d’oreille « bouchons en plastique » (2019)
Pour la saison 2018-2019, c’est au rayon « bijoux » que Balenciaga se distingue. Afin de « faire souffler un vent de rébellion et d’audace sur votre tenue quotidienne », la marque a troqué l’or et les pierres précieuses contre des accessoires inspirés des bouchons en plastique de nos bouteilles d’eau. Le prix de ces pépites ? Entre 200 et 450 euros…
Stiletto Crocs x Balenciaga (2022)
Plus on est de fous, plus on rit. Cette fois, Balenciaga a proposé à la marque Crocs de la rejoindre dans son délire, en imaginant ces mules à talon en gomme colorée.
Après une première collaboration en 2017-2018, les deux entreprises ont remis le couvert en 2022 pour revisiter le sabot classique. Transformée en objet de luxe, la chaussure Crocs est ainsi proposée à 495 euros.
Sneakers Paris Full Destroyed (2022)
Les sneakers Paris sont des baskets en toile qui rappellent clairement les Chuck Taylor All-Star de Converse. Mais une édition limitée à 100 exemplaires a fait plus particulièrement parler d’elle au printemps 2022. Baptisée « Full Destroyed », elle était composée de chaussures volontairement usées et déchirées.
Et comme si cela ne suffisait pas, Balenciaga a accentué ce côté « trash » dans les photos de sa campagne de com’… L’art de la surenchère, pour la modique somme de 1450 euros.
Sac poubelle Trash Pouch (2022)
On termine cette sélection de bon goût comme on l’a commencée, avec un sac Balenciaga présenté lors du défilé hiver 2022. Le Trash Pouch qui accompagnait les mannequins sur le catwalk est ainsi inspiré par un vulgaire sac poubelle, décliné en plusieurs coloris (blanc, bleu, noir, jaune).
Proposé à 1400 euros, il s’agit sans doute du sac poubelle le plus cher du monde…